Avant l'arrivée de l'eau du canal de Marseille en 1849,
le paysage ici était bien différent.
Au début du XIXe la ville était loin,
elle se concentrait autour du Vieux-Port.
Montredon se trouvait alors en pleine campagne.
Le quartier comptait de nombreux pêcheurs et de
petites exploitations agricoles éparpillées sur ces
terres déboisées et marquées par de fréquentes sécheresses.
Port de la madrague de Montredon © Musée des photographies documentaires de Provence
En 1836, Eugénie Pastré acheta à Montredon une première parcelle de terre,
dotée d'une bastide et d'un puits. Au fil du temps, elle agrandit son domaine,
qui s'étendait sur 48 hectares en 1848 (et atteignit 130 hectares après l'arrivée du canal).
Eugénie et ses enfants, à la tête de la florissante entreprise familiale « Pastré Frères »,
vivaient au centre-ville et venaient régulièrement ici pour profiter de la campagne.
L'accès à l'eau douce se limitait alors à quelques puits et citernes, qui assuraient
l'approvisionnement des Hommes et des animaux domestiques de la ferme.
© Le Monde Illustré, Source gallica.bnf.fr / BNF
Dans son roman Le fils du forçat, Alexandre Dumas raconte que « En ce temps-là,
Marseille avait une banlieue pittoresque et romantique, point, comme aujourd'hui,
une banlieue verdoyante et fleurie. […] Du haut de la montagne de Notre-Dame-de-la-Garde,
il était aussi facile de compter les maisons égrenées dans la plaine et sur les collines.
[...] Nulle de celles-là n'avait à s'enorgueillir encore de ces majestueux platanes,
de ces charmants bosquets de lauriers, de tamaris, de fusains, d'arbres exotiques et
indigènes qui dérobent à présent, sous les masses de leurs feuillages pleins d'ombre,
les toits des innombrables villas marseillaises ; c'est que la Durance n'avait point encore
passé par là, couru dans ces vallons, escaladé ces collines, fertilisé ces rochers. [...]
En ce temps-là, déjà si loin de nous, grâce à la combinaison toute-puissante de l'eau et du soleil
qui a si rapidement métamorphosé la végétation de ce pays, que l'on ne se souvient plus,
à Marseille même, qu'il fut un temps où quelques pins, quelques oliviers craquant au soleil
rompaient seuls la monotonie du paysage dénudé ; en ce temps-là disons-nous, le village de
Montredon offrait le plus complet spécimen de l'aridité qui caractérisait jadis les environs
de la vieille cité des Phocéens. »
© Collection privée Club Cartophile Marseillais